samedi 26 février 2011

Le Voyage des Morts, de François Augiéras (Abdallah Chaamba)

En 1954, paraissait enfin en édition commerciale le premier livre de François Augiéras, Le Vieillard et l'Enfant. Cela n'arrêta pas les errances d'Augiéras, qui repartit dès décembre 1954 comme élève vétérinaire dans une école d'élevage à Tadmit, en Algérie. De cette expérience, sortira un "journal intime" de ce nouveau séjour en Algérie. Avec le récit fiévreux de sa vie de prostitué à Agadir et une nouvelle évocation de sa relation avec son oncle au fort d'El Goléa, relation qui forme la trame du Vieillard et l'Enfant, il commence à composer un nouveau recueil Le Voyage des Morts. Ces deux photos d'Augiéras le représente à Agadir et à Tadmit, deux des chapitres les plus importants du livre.



Comme il l'avait déjà fait pour son premier livre, il fait imprimer en 1954 par Fontas à Périgueux une brochure sur papier de couleurs, première ébauche du futur texte. Depuis l'Afrique, il les envoie à tous ceux qu'il imagine pouvoir aimer ce texte et le faire connaître. Ce sont des écrivains ou critiques célèbres. Sur cette brochure, il corrige son texte, raturant (il remplace partout "mon père" par "mon oncle"), noircissant des paragraphes entiers, biffant des phrase, ajoutant des feuillets ou des cahiers. De même quelques mois plus tard, il poursuit avec une deuxième brochure, à qui il fera ensuite subir le même sort. C'est ainsi que vers 1955, une personnalité (qui ?) a reçu ces deux brochures, toutes vivantes des repentirs de l'auteur qui construisait son texte en même temps qu'il le recevait de l'imprimeur et qu'il l'envoyait. Ces brochures, peut-être imprimées à 100 exemplaires, sont des témoignages émouvants d'un auteur qui bâtit une œuvre. Ce sont des brochures que je présente aujourd'hui :



Quelques exemples des pages raturées de ces brochures.







Il faudra attendre 1959 pour que les éditions de La Nef publie la première édition commerciale de l'ouvrage, sous le même pseudonyme d'Abdallah Chaamba. Comme l'une des brochures, il contient une photo du fort d'El Goléa auquel un halo lumineux donne un aspect mystérieux.


Décrire Le Voyage des Morts est presque impossible. Pour moi, c'est d'abord et avant tout le récit d'une aventure intérieure qui se nourrit de ses expériences dans le désert algérois, de sa vie dangereuse et extrême de prostitué à Agadir. Traversé par un érotisme omniprésent, où l'amour des garçons le dispute à la virilité triomphante avec les prostituées arabes, c'est surtout une méditation sur la place de l'homme dans le cosmos, de son rapport avec les éléments, avec les forces de la vie. Une des forces de ce livre est d'abord la puissance du style, qui sait construire un alliage fragile entre la description crue de ses expériences sensuelles et un mysticisme qui se nourrit de son lien avec la terre, le ciel et la mer. Mais surtout, ce récit qui paraît de prime abord moins construit que ses ouvrages ultérieurs comme L'apprenti-sorcier ou Domme ou l'essai d'occupation, voire même désordonné, permet de faire émerger, à celui qui sait la voir, une ligne de force qui irradie tout l'ouvrage. Lorsque on suit ce fil conducteur, caché, on peut vivre soi-même une expérience personnelle qui se nourrit de celle d'Augiéras.

J'ai choisi ces quelques passages pour vous faire découvrir cet ouvrage :

Sur les brochures en couleurs

J'avais mis des paquets à la poste, à Gardaïa, à Ouargla. Mes ratures étaient plus visibles que le texte : ma main avait tremblé face au ciel étoilé. Croyant écrire, j'avais expédié partout les traces de mes peurs, de ma joie délirante, les pages ravagées par la férocité du désert comme la photo hantée au début de ce Voyage des morts.

Mes livres : je vivais avec eux, allais les voir dans la brousse où je les cachais pendant un an, deux ans, avant de les expédier au hasard. Le Voyage des morts, en couleurs, vraiment je le vis fait des seuls mots que j'aimais.

J'ouvris le Voyage des morts. Quelle joie d'être vivant, de pouvoir raturer encore, arracher à un texte ce qui ne lui appartient pas (des mots détruits me rappelaient des nuits où je n'étais pas mort); ce livre n'étant que le livre de compte de mes terreurs et de ma liberté.

Ce que j'ai fait imprimer en Afrique l'a toujours été sur du papier de couleur; je m'agenouille sur un toit, pose un cahier sur mes cuisses; je vois mon écriture de clair de lune imprimée sur du papier jaune souvent transparent comme des feuilles de maïs.
Si les hommes qui ont sculpté les masques de l'Afrique revenaient sur terre, ils feraient ce que je fais. Au sud de l'Europe qui s'obstine à peindre, la fantastique aventure de mes petits livres fut, moins la vengeance, la nuit, d'un enfant chez un colonel en retraite que la victoire, au XXe siècle, d'une écriture hantée.
De nuit en nuit, dans une servitude chez les Européens, je trouvai les couleurs de mon âme.

Je fis un effort pour me tirer un peu de ma sauvagerie, pour y voir clair. Il y a longtemps que la peinture est morte; un art décoratif abstrait très beau, très émouvant est encore possible, mais la grande aventure est ailleurs, il est bon qu'on le sache, qui n'est pas celle des peintres qui n'ont rien voulu, rien compris, qui n'avaient rien à dire : celle en Afrique de mes livres en couleur me semblait d'une rare audace.

Soudain, le cœur battant, je vis Le Vieillard et l'Enfant, reconnu les capitales bleues des Editions de Minuit. […] La typographie en était en-dessous de tout; mes petits livres en couleurs, du désert, expédié vers l'Asie, vers l'Europe avaient une autre vigueur, une autre virulence.
J'espérais mieux du Voyage des morts.

Mes livres en couleurs :
Raturés par moi, ouverts la nuit, enterrés dans le sable, repris ! Comme d'humbles fétiches ! En un sens, un joli coup de pied au cul de l'art moderne qui n'a jamais su en inventer un seul.
Etranges livres : parfois faits de signes, de traces. L'Afrique appelle les signes et non pas le récit.

Sur l'océan, la nuit, mes livres en couleurs m'accordaient à l'histoire des hommes; le fait d'être imprimés, de pouvoir être multipliés à un nombre infini d'exemplaires, leur donnait plus de chances de survivre qu'à moi.

Sur l'amour des garçons

Je me saoulai de thé, de kiff près d'une fille, un revolver dans la botte qui labourait ma cheville pendant que je faisais l'amour; j'aimais être homme ainsi, si jeune, si naïvement viril.
Nous couchâmes chez un notable qui possédait un grand lit de bois français, genre lit de paysan. On soupa, les plats sur les chenets; les flammes éclairaient nos visages, une toilette de faïence, son fils qui nous servait. Dehors, il pleuvait à torrent, les eaux rouges semblaient devoir emporter le village. Nous étions bien traités, en élèves d'une école d'élevage. Hubert, en tout bien tout honneur, partagea le lit de notre hôte, je restai près de la cheminée avec le garçon de mon âge.
Je l'avais vu dans une ruelle, appuyé contre une porte de maréchal-ferrant, noir de poussière de charbon de bois. A me voir sortir d'une maison où son père lui avait interdit d'entrer sous menace de correction, il avait eu un sourire amusé; il devait y aller... ou qu'avait-il pensé sachant que je couchais chez lui ? Il ne dormait pas, m'observait de l'autre côté de la cheminée; la chambre était dans l'ombre, sauf nous près des braises. Lentement il rampait vers le mur emportant ses couvertures. Je compris. Je m'éloignai de la lueur des tisons. Dormait-il ? Ma main erra sur le sol, nos doigts se rencontrèrent; longtemps il serra ma main de toutes ses forces. Avec une douceur, une tendresse extrême, j'entrai sous l'édredon que son père lui avait donné pour la nuit.
C'était le souffle de sa vie que je désirais. Les garçons ne cherchent pas la langue; lèvres closes nous bûmes notre haleine. Nos mains allèrent jusqu'à nos hanches grasses, dures. Sous les couvertures, les yeux fermés, je l'aimai de toutes mes forces. Nous étions tous deux grisés par l'hiver, par la nuit dans la montagne, par la neige. J'embrassai son visage. Nos jambes étaient chaudes. Il avait la senteur des forêts. L'amour des garçons, leur véritable nuit de noces, la joie. Puis le sommeil coupé de baisers et de caresses à en avoir des crampes dans le poignet. L'humidité m'éveilla à minuit.
Si je tirais la couverture à moi, il avait les reins découverts; j'avais froid par terre. Je me fis du café dans les braises, restai assis, une épaule contre la cheminée, regardant mon ami endormi.
Combien d'heures passèrent ainsi? Je revins sous les couvertures. Dans l'obscurité, les braises mortes, quand la vie monta en nous elle était brûlante, lumineuse; je voyais la vie éternelle qui nous apparaissait au cœur de l'hiver et de la nuit. Quelle fille m'aurait donné cela : sa douceur, sa vie si simple. Par les briques disjointes du carrelage, l'humidité pénétrait dans nos couvertures. Nous devinions la proximité des ruisseaux souterrains, l'eau dans la terre, les sèves, mille sources. Je m'endormis et le murmure de la fonte des neiges, dehors, diminuait peu à peu à mesure que le gel de la nuit arrêtait et immobilisait les ruisselets.
La lueur du jour qui tombait par la cheminée éteinte nous éveilla. Nous restâmes immobiles afin de maintenir contre nous la chaleur des couvertures. Il était temps de reprendre nos places dans la chambre. Nus, l'un près de l'autre, dans la douceur de l'aube, nous étions jeunes, encore unis par le sommeil, une même source. "Je t'aime", lui dis-je sous l'édredon. "Moi aussi", me dit-il en embrassant mes lèvres.
C'était mon printemps.
La lueur sur les tisons morts était bleue, un azur parfait.

Je la désirai après qu'elle eut connu mon camarde. Je pensais qu'il était beau, noble, que les garçons s'aiment entre eux, souhaitable qu'ils aillent aussi avec les filles. Le hasard me donnait la même jeune femme que le garçon que j'aimais.

J'embrassai son visage; avec une douceur extrême, me serrant dans ses bras, il me rendit mes baisers et ferma les yeux, dans l'immense clair de lune qui s'emparait des hautes prairies silencieuses.

Sept frères ou cousins gardaient les bêtes très haut sur les collines, près de grands rochers rouges. L'aîné chevauchait un mulet, un bâton sur l'encolure. Une cavalcade sous l'azur, un spectacle pour les siens. Il sauta vivement à terre, me proposa de lutter contre lui. Il avait une ardeur sans violence, une terrible gaieté dans la lutte. A l'instant où trop de vigueur nous eût fait perdre la joie de nous étreindre, il relâcha son effort. Quand son visage fut près du mien sur la terre au printemps gorgée d'eau, de pollen, fermant les yeux : oui, dit-il, un bras autour de mon cou. Devant tous, j'embrassai ses lèvres chaudes.
- Va avec lui, me dirent ses frères.
Nous montâmes au sommet de la petite montagne. I1 y avait là, entre les blocs immaculés, une casemate de ciment où nous entrâmes. Les frères se retirèrent. Dans la salle aux inscriptions obscènes, j'attirai à moi mon nouvel ami.
Un matin de printemps au XXe siècle.
Des mœurs de guerre ? Des façons de soldat, de berger ? Il fouilla dans le petit sac de toile que j'avais à la ceinture, en sortit des carnets, des livres. "Je t'aime", lui dis-je.
Sur la prairie, j'embrassai une dernière fois ses épaules, les mains de ses frères, descendis vers la plaine, vers les ombres du soir par le sable doré d'un sentier lavé par la pluie. Dans un bois de sapins, je m'assis entre les troncs sur les brindilles parfumées. Je vis l'azur lutter longtemps contre la nuit, les étoiles naissantes. C'était cela ma vie. J'entendis les pas des chevaux menés à l'abreuvoir vers une eau bleue et les cris des troupeaux de retour de la steppe, un soir, en Algérie.

Dans un bois de sapins, un jeune nomade gardait les vaches; son visage était beau et rond. Il me parla, brisant les branchettes basses. L'obscurité se fit plus intense. Nos doigts unis s'appuyèrent aux écorces d'où coulait de la résine. L'un et l'autre nous défaillîmes, nous tombâmes sur les brindilles parfumées, sur la terre durcie par le gel.
Des vêtements en lambeaux couvraient sa poitrine. Venait la nuit pure troublée par les abois des chiens. Il avait une odeur de suint et de fumée, de grands yeux de berger, des traînées de crasse assombrissaient son visage. Dans les bras l'un de l'autre, près des arbres, nous étions heureux. Un lien de corde serrait à sa taille un pantalon de toile. Il jeta sur moi un côté de son manteau. Ses hanches étaient chaudes, douces. J'embrassai ses lèvres. Il avait avec moi des façons graves, un peu émues, sans un mot sous mes caresses. Ses lèvres avaient un goût de sel et la pureté et la fraîcheur de la nuit.

J'aimais la douceur, la gravité de ce garçon de la steppe nu sous un manteau de l'armée trop grand pour lui et qui, si proche de moi, me témoignait une amitié si vraie. Nous restâmes épaule contre épaule, dans les bras l'un de l'autre, émus encore des coups que nous avions reçus. Sa gorge était chaude, noire de crasse, son regard calme et pur comme l'idée que je me faisais de l'amour. Nous étions pauvres.

Si Dieu existe, je lui dirai : voilà ce qui a été pour moi le comble du bonheur. Je n'ai pas craint de d'affronter la mort pour faire l'amour ainsi; la volupté que Tu avais mises dans nos corps, nous l'avons jetés sur Tes pierres près des astres.

D'abord, le fait d'appeler père un homme qui n'était pas mon père – je n'ai jamais connu le mien – et avec lequel je couchais ! Enfin, apparaissait une des plus graves hantises humaines. Il était mon père "rêvé" comme tout ce qui est proche de l'onanisme. (Je me masturbais tandis qu'il me possédait.)
Les rapports avec Dieu ? Sa vie, ses mœurs affirmaient la volonté de jouir face à la nuit étoilée. Seul un garçon pouvait lui plaire sur un grand lit de fer. Un instant de volupté intense dans l'histoire humaine.

Nous pénétrâmes dans une carrière, il s'accouda sur les pierres. J'embrassai ses lèvres. Une incroyable violence de la joie me fit voir cette carrière comme un paradis, celui des pierres, des astres et la nuit.
Je serrai enfin mon ombre sur mon cœur. Il s'agenouilla, me demanda de faire comme lui, et, chacun une main sur la hanche de l'autre, au tremblement de nos lèvres unies, l'un connut au même instant ce que ressentait l'autre.

Sur l'écriture

Le sud exaspérait mon goût des couleurs, des espaces inconnus. Quel lieu au monde, quel acte humain, quel accent décisif affirmaient la maîtrise des l'homme, la noblesse de l'homme. Mon drame – ou ma chance au XXe siècle – était de n'être pas un artiste, devoir trouver dans le réel, à mes risques et périls, un style de vie qui tienne face à la splendeur des astres. La prise de conscience de l'histoire humaine me hantait, j'avais rencontré la folie admirable d'un homme, d'un solitaire en Afrique.

Toute œuvre d'art est un Voyage des morts : en ce sens qu'on y fait la découverte de son âme qui n'a de chance de survivre que si elle atteint l'âme éternelle des hommes. Au point où j'en étais, la création artistique m'importait plus que tout. Des trames, des schèmes inconnus tremblaient sous ma plume.

Les astres scintillaient, certaines régions du ciel en étaient pâles; vers eux allaient mon cœur et mon désirs; primaire, j'adorais l'univers, à genoux sur les pierres de faîtage… joie très pure, je brûlais parfois ma semence; joie de mêler ma jeune force à la force des astres et des plantes; en mois la soudaine apparition de la joie, en avance de cinquante ans sur l'histoire humaine : un nouvel accord de l'homme avec le ciel. Les hasards, les silences, le désert au clair de lune… Un essai exemplaire. D'abord dans le domaine des mutations.

Plus que jamais j'avais envie d'écrire. A nouveau, en arrêt devant la librairie, je me demandais si je n'étais pas un sauvage en plein XXe siècle, occupé uniquement à fabriquer des esprits.

Une terrible joie faisait battre mon cœur. Menacé dans la nuit, venu du plus lointain passé, déjà dans l'avenir, je tremblais de l'honneur et de l'orgueil d'être homme.


Description des ouvrages

Pour les deux brochures :
S.l.n.n.d., deux brochures in-12 (188 x 115 mm) de 32 et 44 pages à la pagination irrégulière

Il n'existe qu'un exemplaire dans les bibliothèques publiques en France (source CCFr). Un autre exemplaire est passé en vente à Paris, Drouot, le 4 avril 2006, de la bibliothèque du philosophe rémois Emmanuel Peillet (1914-1973).

Pour l'édition originale de 1959 :
Abdallah Chaamba [Augiéras (François)]
Le voyage des morts
Paris, La Nef de Paris, Editions, [1959], in-8° (190 x 142 mm), 217-[5] pp, une photographie en noir et blanc hors texte.



Paru dans la collection "Structure", n° 2.

Il n'existe que 5 exemplaires dans les bibliothèques publiques en France (source CCFr) : 3 exemplaires à la BNF et 2 à l'Institut national de recherche pédagogique, Lyon.

Notre exemplaire contient un envoi d'Augiéras  :
 

Il s'agit probablement de René Dulsou, qui a été un des grands amours de Max Jacob entre 1932 et 1935.

Depuis 1959, il y a eu 2 rééditions :
Montpellier, Fata Morgana, 1979


"Les cahiers rouges", Paris, Grasset, 2000 (toujours disponible) :


Le texte diffère un peu de celui de 1959, puisque les pages 71 et 72 ont été supprimées.

La Bibliothèque de l'Arsenal (Manuscrits et fonds d'archives – don Jean Chalon) possède le manuscrit : Le voyage des morts, s.d., 1 cahier et des notes manuscrites : manuscrit autographe et copie dactylographiée corrigée.

Pour conclure ce long message qui, je l'espère, donnera envie de connaître et découvrir François Augiéras, cette belle photographie :


samedi 5 février 2011

Mon frère Yves, de Pierre Loti


Pierre Loti (1850-1923), écrivain un peu oublié aujourd'hui, a été une des célébrités marquantes de la fin du XIXe siècle. Mon propos aujourd'hui n'est pas de parler de cet écrivain et d'entrer dans le débat de son homosexualité (voir la notice Wikipedia, qui est une bonne introduction : cliquez-ici). En 1883, il fait paraître Mon frère Yves, roman sur une amitié virile et protectrice entre le narrateur et un jeune marin breton, Yves Kermadec. Rien dans le roman n'évoque directement l'homosexualité, mais il est facile de le lire comme l'histoire d'une relation homosexuelle, ou pour le moins homo-érotique, entre ces deux hommes. En 1936, une édition illustrée par Emilien Dufour est l'occasion de nous donner quelques belles images de marins et, plus particulièrement, des images de complicité entre marins :


Ces quelques images nous donnent à voir le marin Yves :


Même si, en introduction du message, je ne souhaitais pas aborder le sujet de l'homosexualité de Pierre Loti, ces deux images me semblent pourtant parlantes. La première est très officielle, car c'est son portrait lors de son entrée à l'Académie française.


L'autre est une image du Pierre Loti culturiste, en illustration de Pour devenir fort... et le rester. Manuel de culture physique de l’homme., du Pr. Desbonnet, vers 1918.


Enfin, ce beau dessin de marins par Pierre Loti :


Description de l'ouvrage

Mon frère Yves
[Paris], Calmann-Lévy, Editeurs, [1936], in-8° (226 x 175 mm), [8]-281-[3] pp, 12 vignettes dans le texte, dont certaines en couleurs, 12 planches en couleurs pleine page dans le texte, un vignette au titre, couverture et dos illustrées.


Je n'ai pas trouvé de renseignements sur Emilien Dufour. C'est un illustrateur qui a été actif des années 20 jusqu'au début des années 50.