samedi 10 décembre 2011

Le livre blanc, de Jean Cocteau, 1930


Les années 1920 se terminaient. André Gide venait de rendre public un essai sur l'homosexualité : Corydon, dont la première édition publique avait paru en 1924. Au même moment, un auteur, plus mondain que connu, récemment sorti d'une dépendance à l'opium et d'une crise religieuse, pouvait s'écrier :


Au plus loin que je remonte et même à l'âge où l'esprit n'influence pas encore les sens, je trouve des traces de mon amour des garçons.
J'ai toujours aimé le sexe fort que je trouve légitime d'appeler le beau sexe. Mes malheurs sont venus d'une société qui condamne le rare comme un crime et nous oblige à réformer nos penchants.





Cet auteur, encore anonyme, s'était retiré à Chablis avec son amant Jean Desbordes. Pendant ces quelques jours de décembre 1927, il avait rédigé cet ouvrage en même temps autobiographique et romancé.

A travers ses rencontres, ses fascinations pour le corps de l'homme, ses amours, c'est une éducation plus sentimentale que sexuelle qui nous est donnée à lire. C'est d'abord trois rencontres avec le corps nu de garçons vus par hasard qui l'éveillent. Ensuite, ce qu'il éprouve pour son camarade de collège Dargelos est pour lui la découverte de la passion amoureuse, ce Dargelos qui "jouissait d'un grand prestige à cause d'une virilité très au-dessus de son âge."


Nous portions tous des culottes courtes, mais à cause de ses jambes d'homme, seul Dargelos avait les jambes nues. Sa chemise ouverte dégageait un cou large. Une boucle puissante se tordait sur son front. Sa figure aux lèvres un peu grosses, aux yeux un peu bridés, au nez un peu camus, présentait les moindres caractéristiques du type qui devait me devenir néfaste. Astuce de la fatalité qui se déguise, nous donne l'illusion d'être libres et, en fin de compte, nous fait tomber toujours dans le même panneau.
La présence de Dargelos me rendait malade. Je l'évitais. Je le guettais. Je rêvais d'un miracle qui attirerait son attention sur moi, le débarrasserait de sa morgue, lui révélerait le sens de mon attitude qu'il devait prendre pour une pruderie ridicule et qui n'était qu'un désir fou de lui plaire.
Mon sentiment était vague. Je ne parvenais pas à le préciser. Je n'en ressentais que gêne ou délices. La seule chose dont j'étais sûr, c'est qu'il ne ressemblait d'aucune sorte à celui de mes camarades.




Je ne vais dérouler toutes les rencontre de l'auteur. Comme tous les livres que je décris, j'en fait d'abord une lecture personnelle. A la différence de beaucoup de lecteurs ou critiques qui retiennent sa description des bars louches de Toulon et sa rencontre avec le marin "Pas Chance", j'ai surtout aimé l'épisode de son amour pour le souteneur interlope Alfred, qu'il partage avec Rose, une petite prostituée dont il s'est aussi amouraché.

Ce frère ressemblait au garçon de ferme et à Gustave de mon enfance. Il avait dix-neuf ans et le pire des genres. Il s'appelait Alfred ou Alfredo et parlait un français bizarre,mais je ne m'inquiétai pas de sa nationalité; il me semblait appartenir au pays de la prostitution qui possède son patriotisme et dont ce pouvait être l'idiome.
[...]
Le corps d'Alfred était pour moi davantage le corps pris par mes rêves que le jeune corps puissamment armé d'un adolescent quelconque. Corps parfait, gréé de muscles comme un navire de cordages et dont les membres paraissent s'épanouir en étoile autour d'une toison où se soulève, alors que la femme est construite pour feindre, la seule chose qui ne sache pas mentir chez l'homme.
Je compris que je m'étais trompé de route. Je me jurai de ne plus me perdre, de suivre désormais mon droit chemin au lieu de m'égarer dans celui des autres et d'écouter davantage les ordres de mes sens que les conseils de la morale.
Alfred me rendait mes caresses.

Ils doivent se séparer :

Alfred se tenait immobile devant la porte de l'hôtel. De grosses larmes coulaient sur ses joues. Il tendait les bras; il m'appelait. Sous ses cheveux mal teints, sa pâleur était pitoyable.
[...]
Je fermai les yeux. Et maintenant encore il me suffit de fermer les yeux dans un taximètre pour que se forme la petite silhouette d'Alfred en larmes sous sa chevelure d'assassin.

Ce texte a toujours joui d'une réputation sulfureuse. Le vrai scandale n'est pas, comme on pourrait le penser, la crudité du propos. C'est un ouvrage très pudique, surtout suggestif. Le vrai scandale, ce sont les quelques mots d'introduction et le récit de ses amours homosexuelles dans lesquelles l'auteur allie toujours les sentiments et l'attirance purement érotique pour le corps masculin. On n'y trouve pas, comme dans Jean Genet, cette attirance brutale, presque dénuée de sentiment, pour les hommes. On n'y trouve pas non plus un plaidoyer pour l’homosexualité, sous forme d'essai justificatif à visées scientifiques, comme le Corydon d'André Gide.Ce texte est unique et presque "banal", dans le sens où il ne choque pas les sentiments du lecteur ni prétend faire acte de militantisme. Cela explique peut-être qu'il tarda à être réédité.





La première édition du Livre blanc a paru le 25 juillet 1928 à 31 exemplaires (ou 21 selon certains auteurs). L'ouvrage était anonyme, mais il ne faisait déjà aucun doute pour personne que l'auteur en était Jean Cocteau. Ce n'est que deux ans plus tard que paraît une première édition publique de l'ouvrage, mais disponible que par souscription. Elle a été tirée à seulement 450 exemplaires (c'est cette édition que je décris). Le livre est toujours anonyme, mais il contient 18 dessins signés de Jean Cocteau, dont j'ai sélectionné quelques uns pour illustrer ce message.



 A la fin, une reproduction d'un texte manuscrit de Cocteau est presque un aveu, sous forme d'une pirouette coquette de l'auteur.



Ensuite, une nouvelle édition est donnée par Paul Morihien en 1949 avec 4 dessins, qui sont des variations sur les dessins que Jean Cocteau avait lui-même donnés pour illustrer le Querelle de Brest de Jean Genet en 1947. Le tirage est de 465 exemplaires (j'ai aussi trouvé 500). La première édition anglaise paraît en 1957 aux éditions The Olympia Press, sous le titre A White Paper, avec une nouvelle série de 9 dessins originaux. Là s'arrête les éditions données du vivant de l'auteur. Il faut ensuite attendre 1970 pour qu'une édition mette à disposition du grand public ce texte fondateur (éditeur Bernard Laville). On voit ici de façon tangible la difficulté d'accéder à ce texte, puisque toutes les éditions précédentes étaient évidemment introuvables et seulement accessibles à quelques privilégiés. Pierre Bergé rappelait en 1983 :

A l'époque où je découvrais Le Livre Blanc la photocopie n'existait pas. Ce livre était rare et rares aussi les lecteurs. Pourtant une espèce de chaîne amicale et complice s'était formée et c'est ainsi qu'un matin je reçus les premières pages manuscrites qui devaient m'éblouir. A mon tour, je les recopiai et les adressai à un autre.

Enfin, en 1981, les éditions Personna redonnent ce texte avec les illustrations de l'édition originale de 1930. Cela fait seulement 30 ans que l'on peut lire ce texte avec les illustrations que Jean Cocteau avaient choisies pour le compléter.

Ensuite, il y a eu de nombreuses éditions du Livre blanc. On peut en citer deux :

L'édition de 1983, avec une préface de Patrick Modiano (sur cette préface, voir ici). L'éditeur est Pierre Bergé, qui, sous le nom des Editions de Messine, donne le texte avec des dessins originaux mis à disposition par Edouard Dermit.C'est probablement la plus érotique des éditions du Livre blanc.



L'édition Livre de poche - Biblio, de 1999, avec une préface de Dominique Fernandez : "Le sexe surnaturel de la beauté". En réalité c'est un recueil des principaux texte homoérotiques de Jean Cocteau où l'on retrouve : Le mystère de Jean l'Oiseleur, L'ange Heurtebise, Le Numéro Barbedette, ainsi que de nombreux poèmes.




L'album Masques consacré en 1983 à Jean Cocteau contient un chapitre sur le Livre Blanc qui reproduit les dessins des éditions française et anglaise de 1949 et 1957, un texte Trottoir, où l'on retrouve des faits repris dans le Livre blanc et une série de lettres à sa mère écrites alors qu'il rédigeait ce texte, à Chablis, à la fin de 1927, lettres où il ne fait évidemment aucune allusion à son travail.


Descriptions de l'ouvrage

[Jean Cocteau]
Le Livre blanc
Paris, Editions du Signe, 1930, in-8°, 68-[6] pp., un fac-similé, 18 gravures coloriés en pleine page hors texte, dont une frontispice.


L'ouvrage a été achevé d'imprimer le 10 mai 1930. Les gravures ont été coloriées à la main par B. Armington, ce qui rend nécessairement tous les exemplaires légèrement différents, même de façon imperceptible.


Cette édition a été imprimée à 450 exemplaires. L'exemplaire que je décris est un des 6 sur Japon, hors commerce, avec la suite des gravures.



Les lecteurs observateurs se seront aperçu que la première illustration de ce message n'est pas coloriée, comme il se doit. C'est une reproduction de la gravure de la suite, qui complète cet exemplaire. Je trouve que la gravure, sans les couleurs, a une force expressive presque plus forte que cette image bien connue, qui a souvent été reprise :


Cet exemplaire a été relié en plein velin ivoire, reliure signée G. Bontaz :





Le plat est illustré par ce qui semble être une reproduction d'une planche de l'ouvrage. La gravure dont s'inspire ce motif est celle-ci :



Curieusement, la partie correspondant à la place des sexes a été comme découpée, avec le motif des bras coupés qui était comme une signature de beaucoup de dessins de l'ouvrage. Quel sens donner à cette variante qui a paru suffisamment significative pour que l'amateur qui a fait relier l'ouvrage juge important d'en orner la reliure ?

Le dessin qui a servi de modèle au relieur.


Quelques références et liens :

Dans la monumentale biographie de Jean Cocteau par Claude Arnaud, sur l'histoire ce texte et surtout du contexte dans lequel il a été écrit : l'éloignement de la religion et donc de Jacques Maritain, la désintoxication de l'opium, la rencontre avec Maurice Sachs, l'amour pour Jean Desbordes, voir les pages 411-414.

Une excellente notice en français, bien illustrée, sur le site de la Bibliothèque nationale des Pays-Bas : cliquez-ici.

L'intégralité du texte est téléchargeable ici.

samedi 3 décembre 2011

Interlude IV

Je remercie un lecteur anonyme de mon blog, pour ce simple commentaire :

Continuez! Quel bonheur et enrichissement de vous lire !!!

Je vais essayer de continuer à fournir des notices sur des ouvrages phares de la culture homosexuelle. Je travaille à un message sur Le Livre blanc, de Jean Cocteau. Pour mettre mes lecteurs en appétit, je rappelle ces quelques lignes qui introduisent l'ouvrage :

Au plus loin que je remonte et même à l'âge où l'esprit n'influence pas encore les sens, je trouve des traces de mon amour des garçons.
J'ai toujours aimé le sexe fort que je trouve légitime d'appeler le beau sexe. Mes malheurs sont venus d'une société qui condamne le rare comme un crime et nous oblige à réformer nos penchants.

Ecrit il y a plus de 80 ans, ce texte n'est-il pas toujours d'actualité, autrement dit moderne ? Je vous en parlerai bientôt plus complétement.

En attendant, quelques "glanes" :



V. Androusov : Jeune homme endormi




Raymond Balze : Hommage au jeune Bacchus (détail), 1840


Buveurs d'absinthe
Est-ce l’absinthe qui les rend si proches ? Quelles pensées traversent l'esprit de ce beau jeune homme 1900 ?


samedi 22 octobre 2011

Un point curieux des mœurs privées de la Grèce, Octave Delepierre, 1861

En 1861, paraissait chez le célèbre éditeur d'ouvrages « licencieux » Jules Gay, une petite plaquette qui sera immédiatement condamnée à la destruction « comme contenant des outrages à la morale publique et aux bonnes mœurs ». De quoi pouvait bien traiter cet ouvrage pour mériter une telle condamnation ? Le titre commence à nous éclairer : Un point curieux des mœurs privées de la Grèce. On comprend vite que l'objet de l'étude est l'homosexualité dans la Grèce antique.

Simeon Solomon, Socrates and his Agathadaemon, vers 1865.

On se dit que pour avoir été condamné à la destruction, un tel texte devait contenir de nombreux détails crus ou scabreux, propres à choquer la morale pudibonde de l'époque. Une lecture attentive nous prouve qu'il n'en est rien. On comprend alors que la vraie offense de ce livre, ce sont des phrases comme celles-ci : 

La pédérastie fortifiait, chez les Grecs, les liens de l'amitié, et même que ce vice n'était pas le résultat de la sensualité mal entendue, mais d'un principe élevé de la théorie du beau.

La puissance de la cause physique était admise comme naturelle, et en amour les Grecs acceptaient tous les modes sous lesquels elle se manifestait.

Socrate à Hippothales, à propos de son amour pour le beau Lysis : « Je te félicite, dit-il, de l'objet de ton amour, il est tout à fait noble et digne d'un jeune homme. Je suis curieux d'apprendre si tu sais parler de tes amours comme un amant doit le faire. » 

Tant qu'ils sont jeunes, ils se plaisent à coucher avec eux, et à être dans leur bras. Ils sont les premiers parmi les adolescents et les adultes comme étant d'une nature beaucoup plus mâle. C'est bien à tort qu'on les accuse d'être sans pudeur, car ce n'est pas faute de pudeur qu'ils agissent ainsi, mais parce qu'ils ont une âme forte, un caractère viril.

Lorsqu'il arrive à celui qui aime les jeunes gens, ou à toute autre, de rencontrer sa moitié, l'amour les saisit l'un et l'autre d'une manière si merveilleuse qu'ils ne veulent plus se séparer.

En effet, ce qu'il y avait de plus choquant, c'était le ton neutre et détaché que prenait l'auteur pour arriver à sa conclusion : les mœurs décrites étaient tout ce qu'il y avait de plus normal à l'époque grecque et qu'elles avaient même été honorées par les plus grands philosophes. Ce qu'il y avait de plus scandaleux, c'est qu'un lecteur moderne pouvait trouver une justification de son amour pour les hommes, voire une morale, dans ces quelques phrases :

Les moralistes et les philosophes de la Grèce, tout en admettant comme légitime l'affection sensuelle des sexes entre eux, voulaient cependant qu'en s'abandonnant à cette passion on ne cédât ni à des motifs sordides, ni à des excès dégénérant en débauche. Le plaisir de la jouissance matérielle ne devait pas être seul la cause de ces rapports intimes. Platon décrit comme un des éléments essentiels de cette sorte d'amour la fascination de l'intelligence et du génie, jointe à celle de la beauté physique; un sentiment réciproque et désintéressé, ne prenant pas son unique source dans la volupté, mais dans une sympathie d'un ordre plus élevé et plus intellectuel. C'est ce qui donne, dans son opinion, de la dignité à l'amour d'un homme pour un autre.

« La dignité à l'amour d'un homme pour un autre » ! Même aujourd'hui, une telle phrase reste difficile à admettre pour certains. A plus forte raison en 1861, pour les mêmes juges qui condamnèrent les Fleurs du Mal ou Madame Bovary, une telle affirmation était presque révolutionnaire ! Elle était d'autant plus inadmissible que l'auteur prend à peine la précaution rhétorique de sembler condamner ces mœurs pour mieux les décrire. Certes, quelques qualificatifs comme « égarements déplorables » ou « corruption », sont le tribut payé à cette obligation de forme. Mais le ton de l'ouvrage fait preuve d'une bienveillante neutralité pour l'homosexualité. Parler de sympathie serait peut-être allé trop loin. Revoyons le titre : « point curieux ». Ces deux mots sont déjà, à eux-seuls, un signe de la posture de l'auteur vis-à-vis du sujet. Ce n'est qu'une curiosité ! L'introduction nous indique déjà l'esprit de tolérance qu'adoptera l'auteur dans tout l'ouvrage : 

Dans toutes les histoires complètes de la Grèce ancienne, on s'est occupé de l'étrange anomalie que présentent, en certain cas, les mœurs de ce pays, si on les compare aux idées que nous nous formons d'un peuple parvenu à un si haut degré de civilisation. Assez de passages nous restent, dans les écrits des philosophes et des poètes, pour prouver que l'amour était compris chez les Grecs d'une toute autre manière que chez nous, tant entre hommes qu'entre femmes.

C'est probablement cela le plus scandaleux : parler d'homosexualité avec bienveillance, rendre sa dignité à l'amour d'un homme pour un autre.

Contenu de l'ouvrage

Le point de départ de cette petite étude est une interrogation de l'auteur, Octave Delepierre, sur l'étrange amour qui lie un professeur à son élève dans un texte paru en 1652 : Alcibiade fanciullo. Après avoir introduit son sujet, l'auteur commence assez logiquement par l'homosexualité masculine, c'est-à-dire, en Grèce, la pédérastie, cette forme d'amour qui lie l'Éraste et l'Éromène. Il cite abondamment Socrate et Platon et les grands textes classiques : le Banquet, la République, etc. Il rappelle : « Les rapports que nous considérons comme de pure amitié entre Achille et Patrocle, Pylade et Oreste, Hercule et Iolaus, rentraient dans la catégorie de l'amour pédéraste» ou « les frères d'armes, que les Grecs appelaient la bande sacrée, étaient surtout liés par une affection sensuelle qui augmentait leur courage. » 

Achille et Patrocle, vers 500 av. JC

Un de ses sujets d'étonnement est de voir le côté presque naturel avec lequel ces philosophes parlent de ces amours : « ce récit, fait en plaisantant au milieu d'une réunion d'hommes instruits et passant pour les plus sages d'Athènes » ou « expose en termes qui ne sont nullement voilés une action préméditée que n'oserait avouer aujourd'hui l'homme le plus brutal et le plus grossier ». Il s'appuie plusieurs fois sur l'autorité de Friedrich Gottlieb Welcker, en particulier lorsqu'il introduit le lien entre l'idéal de beauté et l'amour pédérastique : « cette sorte d'amour des Grecs exerça une influence salutaire sur leur perception de l'idéal du beau ». Après avoir constaté que l'homosexualité n'avait pas cours au temps d'Homère, il expose et étudie, dans la deuxième partie de sa notice, l'homosexualité féminine, autour de la personnalité de Sapho. L'ensemble de la démonstration permet à l'auteur d'arriver à cette conclusion :

Les détails des mœurs qu'on vient de lire nous montrent que ce qui est raconté dans l'Alcibiade fanciullo n'est pas une complète fiction et que l'auteur, quel qu'il soit, a traité la question d'après les éléments que l'on trouve dans les écrits des philosophes les plus respectés.

Reconnaissons que le procédé est un peu roublard. Sans savoir précisément quelle a été la vie intime d'Octave Delepierre, il n'était probablement pas assez naïf pour ne pas connaître l'existence de l'amour entre hommes (il a bien dû être au collège dans sa jeunesse !). Il n'avait donc pas à se plonger dans les philosophes grecs pour savoir que deux hommes pouvaient s'aimer. Fallait-il donc cet artifice d'une étude bibliographique pour exposer les mœurs grecques ? C'était probablement une façon habile d'introduire cette étude, même si elle n'a été d'aucun secours pour protéger le texte de la condamnation des juges.

L'étude du « point curieux » se termine par une courte notice bibliographique sur l'Alcibiade fanciullo.

L'auteur

Octave Delepierre, né à Bruges (Belgique) en 1804, avocat, débuta par des publications sur l'histoire de la Flandre. Nommé consul de Belgique à Londres, il y finit sa vie en 1879. Auteur prolifique, il s'intéressa surtout à la littérature macaronique, faite de textes mêlés de latin et de langues vulgaires. Il publia une Histoire littéraire des fous, une des premières du genre. Son érudition et sa culture l'amenèrent à s'intéresser à de nombreuses curiosités littéraires. C'est comme cela qu'il faut voir son intérêt pour les mœurs grecques.



Description de l'ouvrage

L'ouvrage est anonyme :
Un point curieux des mœurs privées de la Grèce
Paris, J. Gay, 1861, in-12 (177 x 115 mm), 29 pp.


L'ouvrage a été tiré à 245 exemplaires. C'est dans la justification que l'auteur introduit qu'il s'agit d'une notice sur l'Alcibiade fanciullo.




Cet exemplaire a été relié par Belz-Niédrée en demi-maroquin beige, dos à nerfs, tête dorée.


Une nouvelle édition tirée à 150 exemplaires a été donnée à Bruxelles en 1870.
Une édition enrichie d'une Notice bibliographico-littéraire sur Alcibiade, enfant à l'École a paru à Athènes [Bruxelles] en 1871, aussi tirée à 150 exemplaires.


Références

Drujon (Catalogue des ouvrages condamnés, p. 12) annonce : « Quoique traité en termes honnête, le sujet, comme on s'en doute, est d'une telle immoralité que la destruction de la première édition a été ordonnée. » On peut mettre en doute que cette destruction ait effectivement eu lieu.
Cette édition se trouve dans au moins quatre bibliothèques publiques en France (Nîmes, Strasbourg, Toulon, Arsenal) et en deux exemplaires dans l'Enfer de la BNF.


dimanche 18 septembre 2011

Interlude IV : L'univers d'un esthète bruxellois

L'annonce d'une prochaine vente aux enchères est l'occasion de pénétrer dans L'univers d'un esthète bruxellois
J'ai sélectionné ces quelques œuvres en vente :

Anto Carte (1886-1954)
Saint Sébastien, vers 1934

Esculape, dieu de la Médecine
Époque Romaine, IIe siècle.

Pierre Theunis (1885-1950)
Jeune homme assis

Adolphe Crespin (1851-1944)
Portrait de jeune homme (le fils du peintre)


Glyn Philpot (1884-1937)
Echo et Narcisse


Arno Breker (1900-1991)
Homme assis

Arno Breker (1900-1991)
Kameraden Relief, 1939/1940

Attribué à Franz von Stuck (1863-1928)
Hercule, vers 1900



Luca Madrassi (1848-1919)
Jeune homme au poignard

John Lundqvist (1882-1972)
Orphée, 1928

Narcisse
Naples, fin du XIXe siècle

James Ensor (1860-1949)
Portrait en Arabe, 1878


Rik Wouters (1882-1916)
Autoportrait


Lovis Corinth (1858-1925)
Portrait d’Africain, 1884

Victor Demanet (1895-1964)
Jeune homme de profil

Duncan Grant (1885-1978)
Jeune homme allongé nu de dos, 1935

Duncan Grant (1885-1978)
Paul reclining, 1953

Ludwig von Hofmann (1865-1945)
Les baigneurs, vers 1910


Karl Dick (1884-1967)
Autoportrait, 1908

Henry Scott Tuke (1858-1929)
Portrait de Johnny Jackett

Pam Rueter (1906-1998)
Jeune couple

Jean Maury
Jeunes garçons habillés en marin

Arlequin

Ces quelques photos nous font découvrir cet intérieur :






Pour tout savoir sur cette vente, cliquez-ici.