dimanche 14 novembre 2010

Quelques réflexions sur la préservation de notre culture homosexuelle

Un message récent sur le blog des "Libraires associés" est intéressant sur l'intérêt des institutions patrimoniales et universitaires françaises pour un certain aspect de la culture homosexuelle. En effet, la liste des bibliothèques françaises possédant le catalogue de cette librairie :
ARCHIVES GAIES, une anthologie des homosexualités dans le livre ancien (2005)
se réduit à une seule, lorsque de nombreuses bibliothèques américaines le possèdent.


Je vous le laisse constater dans ce message :

Il s'agit d'un catalogue édité en 2005 par "Les Libraires associés" proposant à la vente plus de 1200 ouvrages. Sauf erreur de ma part, il n'existe pas de catalogues équivalents et, en l'absence d'une bibliographie homosexuelle en langue française, c'est une source d'informations irremplaçable. Il existe bien le site de Jacques Ars : http://www.bouquinerie.net/catalogue/, mais, comme tous les sites Internet, il ne peut qu'être éphémère.

Lisez l'introduction de Jacques Desse (cliquez sur l'image) :



Certes, on m'objectera que ce catalogue est d'abord un objet marchand. C'est peut-être cela qui est le plus regrettable : cette impossibilité d'imaginer que le monde du savoir et le monde du commerce peuvent s'enrichir l'un l'autre. Et pourtant, si une culture homosexuelle s'est transmise à travers le temps et continue toujours à vivre et à s'enrichir (je ne parle que de l'écrit), c'est bien parce qu'il y a eu des libraires qui ont pris des risques, qui ont apporté leurs connaissances, pour faire vivre cette culture et, d'un autre côté, des collectionneurs qui préservent la production de cette culture, qui parfois la mettent en valeur comme je essaie modestement de le faire sur ce blog. S'il avait fallu attendre que les institutions assurent cette sauvegarde du savoir, je crois qu'une part importante de notre passé aurait disparu. Quand on sait qu'un ouvrage aussi majeur de la culture homosexuelle, premier ouvrage qui fait voir cette sexualité dans toute sa crudité : Vingt lithographies pour un livre que j'ai lu, Roland Caillaux, 1945, n'est présent dans aucune des bibliothèques publiques en France, y compris la BNF dont c'est la mission, on voit qu'il reste encore du chemin à parcourir pour arriver à faire vivre un vrai patrimoine de notre histoire. C'est pour cela que grâce à tous ces "commerçants" du savoir, il y a encore quelque chose qui survit.

Mon message est probablement injuste et, par certains aspects, ignorant des efforts importants pour créer des études Gaies en France, mais je reste persuadé qu'il reste encore du chemin à faire pour rapprocher cette culture universitaire, parfois un peu élitiste, d'une autre culture, souvent plus personnelle, des collectionneurs, des amateurs (quel horrible mot !), des libraires, de tous ceux qui œuvrent aussi pour défendre cette culture homosexuelle qui est notre patrimoine commun.



Remarque : ces propos n'engagent que moi, c'est la lecture du message ci-dessus qui me les a inspirés.